« La question de la situation temporelle du Roi Lear entraine diverses interprétations. On pourra, malgré tout, s’entendre honnêtement sur le fait qu’elle s’inscrit dans une ère pré-chrétienne.

Dans cette nouvelle mise en scène j’ai voulu accentuer les signes de l’absence de Dieu. Je voulais que cette absence soit « physiquement » prégnante.
De cette intention, s’est substituée aux âpres paysages sans repères suggérés par la description de la lande, une vision métamorphosée de cette dernière, jusqu’à ce qu’elle-même donne naissance à une autre représentation : celle d’un désert de sable, de rocailles. Un monde dont rien ne peut naître. Un monde créé à partir de rien. Un monde privé de l’amour d’un dieu auquel renverrait encore davantage le rien de Cordélia. Ce rien interprété par Lear comme la marque du manque d’amour de sa fille et qui, à ses yeux, vide le monde de tout amour.

J’entrevoyais un monde où le mal trouverait les conditions de prospérer sans limites, où les passions pourraient se déchainer librement, entrainées dans un précipice infernal ; l’évocation, enfin, d’un monde où la nature seule est déesse et assujettit l’homme à la nature, à l’image d’Edmond qui n’obéit à d’autres règles qu’à celles qui le conduisent à œuvrer sans morale pour satisfaire son appétit d’ascension et de revanche sociale. 

Un monde aride, sans beauté, ne soufflant plus dans l’âme qu’un vent sec. De là s’est imposée définitivement cette idée de déplacer le contexte de la pièce de Shakespeare, de le déplacer dans un ailleurs, loin de notre terre, dans la partie la plus ignorée de l’univers, là où l’homme sera le plus confronté à sa disgrâce, parce que délaissé de Dieu. Un monde auquel il serait impossible d’échapper… 
Les modifications apportées dans le texte, la suppression des anachronismes, le changement du nom des personnages au profit de nouveaux aux résonnances anglo-arabes, le choix de costumes néo-rétro-futuristes, ainsi que la force évocatrice du jeu des comédiens, devaient laisser surgir, dans l’imaginaire des spectateurs, tout un univers en dehors de l’espace scénique, figurant des mégapoles érigeant leurs tours hyperboliques au milieu du désert.  Patrice Le Cadre

À retenir

  • Durée : 05:00
  • Capacité : Jusqu'à 50 personnes
  • Lieu de départ :
    Château de Charnes
    lieu-dit Réserve de Charnes
    Marigny 03210
  • Contact :
    Théâtres de Bourbon
    theatresdebourbon@yahoo.com

Le Roi Lear (Château de Charnes)

Dès

11,50 €