Amanda, modiste de profession, attend dans le salon d’un grand château. Elle vient pour une place. Soudain apparaissent: une duchesse extravagante, de curieux valets, un marchand de glaces sans sorbet, le chauffeur d’un taxi en lierre, un parc labyrinthique... Mais pourquoi a-t-elle été convoquée ici ? Et qui sont ces étranges personnages?

POUVEZ-VOUS M’INDIQUER LE CHEMAIN DE LA MER ?  « L’univers de Jean Anouilh dans Léocadia pousse par l’histoire, le rêve et la fantaisie à un Ailleurs. Peut-être à un ailleurs superficiel et facile diront certains. Les critiques de l’époque ont traité Léocadia de « gentille pochade ». J’y vois plus de profondeur, moins d’artifices et plein de vérités. Jean Anouilh emprunte en filigrane à Molière, son comique cruel ; à Feydeau, sa fantaisie extravagante et à Shakespeare, sa folie d’absolu. Il crée une pièce aux multiples émotions et registres et il en fait un conte. Il y a un prince, Albert ; une bonne fée, la Duchesse, suivie de toute sa « cour » étrange et une princesse en devenir, Amanda. Jean Anouilh a écrit cette pièce en 1939, période peu propice à l’insouciance.

Notre époque est, dans une autre mesure, encline à anesthésier la rêverie et la pensée et tente de nous imposer un monde immuable dont nous serions obligés d’accepter les règles. Légèreté, bons sentiments et tendresse sont perçus comme faiblesses. Avec Léocadia, ces faiblesses sont des parades qui font la nique à la mort. Le théâtre est un espace d’évasion : rire et rêver, se moquer de la peur, prendre à la légère ou pas les turpitudes d’un Prince piégé dans son deuil, pleurer aussi parce que c’est beau et vibrant puis laisser l’amour triompher. Et surtout pouvoir redonner un peu de ce paradis de l’enfance perdue dans le grave monde des adultes. » Camille Roy